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16 octobre 2006 1 16 /10 /octobre /2006 16:34
Souvenez-vous, la nouvelle devait être publiée en trois temps, mais au final, ce ne sera que en deux temps, que des défauts, je ne sais même pas compter, jusqu'à trois :

La chance était au rendez-vous, le soleil éclatant crevait les nuages et la pêche était bonne. Si ces hommes ne venaient pas de ce pays du soleil levant, ils arboreraient un large sourire, sur le devant de leurs lèvres. Nés impassibles, ils continuaient leur chasse aux trésors. Le sourire crocheté en ancre au fond du coeur. Une baleine à bosse passait par-là, elle venait de quittait la fosse et ce mammifère marin avait perdu son air malin, pourchassé par les nombreux chevaux du bateaux. La chasse était ouverte, ce dernier trophée pris et la compagnie pourrait rentrer, fatiguée mais heureuse dans le fond de ce sentiment de devoir accompli. Rien que du banal pour ces marins aguerris, un jour qui filait dans la nuit de leur temps, ils affrontaient la mer dans un de ses regards calmes, pas inquiets de la tournure de leur marée, la cale se remplissait de chair, la cabine du patron pêcheur montrait ses colliers d'ailerons, séchant à l'air libre. L'astre teigneux brûlait les peaux, laissant au passage la trace rouge de sa douleur, mais personne ne s'en plaignait. Les seuls qui le voulaient, se plaindre, n'avaient plus les mots. Pas un avion ne troublait le ciel, il ne restait que la baleine à cueillir, avant de pouvoir rentrer au port. La prise était trop belle mais pas de tout repos, sans ailes, la baleine avançait à la recherche de sa liberté.


Elle voyageait dans l'océan au coeur de sa solitude, or les hommes n'en avaient cure de ses flots de sentiments. Ils en voulaient à sa peau, à son dos, à ses graisses, pas aux mystères de sa création. La distance diminuait, la fatigue, la fuite devenant inutile, le bateau suivait sa proie à la trace, les harpons s'affûtaient sur le pont, l'excitation de l'équipage était à fleur de peau, la baleine, elle, à fleur d'eau. Quand le premier canon fût armé, les pêcheurs tournaient autour de l'animal, prêts à le terrasser. Abandonnée par les siens, bientôt par la vie, la baleine ne pensait pas à plonger, remplir ses poumons et déguerpir vers le fond. Elle était là, énorme masse sur les flots, semblant comprendre que la mort était au tournant, au prochain virage du bateau. Le feu de ses canons irait croiser sa chair, la blesser, la meurtrir. La baleine traquée respirait son dernier air de tranquillité, peut-être que l'image de sa vie passée, se trouvait devant ses yeux éblouis, par ce surplus de lumière ? Peut-être ? Toujours est-il que son instinct lui donnait les yeux de la mort, elle allait passer de l'autre côté, derrière ces nuages blancs...


Au-dessus des nuages blanc, jamais une vache ne s'était sentie aussi mal, elle hurlait de peur, son ventre lui donnait des migraines, un surplus d'afflux sanguin étalait ses réactions en chaîne. L'animal ne pouvait plus penser, respirer devenait une action surpassant ses forces, tout ce qu'elle savait ou comprenait encore, c'était qu'elle ne voulait pas mourir, pas ici, pas comme cela. Alors elle abusait de ses forces, elle se frottait le front contre le métal de la carlingue, qui sous la violence des chocs, se mettait à plier. Dans la cabine, les hommes, à entendre le son de ces chocs devenaient pâles. Le vétérinaire essaya d'entrer dans la cale, dans un dernier désir de calmer l'animal en furie. Le souffle coupé, il fit demi-tour, la bave qui coulait du museau de la vache, indiquait qu'elle venait d'entrer dans une crise d'épilepsie. La violence de l'animal ne permettait pas d'action, s'approcher devenait inutile, l'équipage devait réagir. Quand l'homme entra dans la cabine, en une seconde, moins une fraction, il comprit la situation. Imaginez le tableau, une mer, le ciel, un avion, une baleine et un bateau de pêche. Sur l'eau, un petit bateau de pêche d'une vingtaine de mètres, une coque de noix un peu perdue sur l'étendue de cette mer qui borde le Japon. Au-dessus des nuages, un avion-cargo américain, et la baleine, elle, qui patiente face à la mort. Les harpons allaient tirer, ce n'était pas un exploit, par contre la vache que les Américains venaient de larguer, déchirait le ciel, la mare salée allait la happer. Quand les pêcheurs se décidèrent enfin à tirer, ce fut la vache et ses points noirs et blancs, tombant du ciel, qui attira toute l'attention des pêcheurs, juste des points en suspension ; qui trouaient l'atmosphère. L'animal venait de s'éventrer sur le harpon de proue, sauvant ainsi, la vie d'une des reines de la mer. Là-haut l’avion continuait son vol de routine, sans imaginer un seul instant, que la vache sereine venait de sauver une vie ! La baleine, plongeait en apnée, vers le fond de ces secrets, et les marins riaient. Les restes du corps de l'intruse, partaient en dérive...

 

Petit espoir que la balade fut belle, et un grand merci aux correcteurs, de TNN...

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