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Papa voyage, et maman s'occupe de l’affaire. Je plonge de la cale, participe à des courses de crabe que l’on pêche de deux manières, soit avec une tête de poisson, soit en apnée. Nous gagnons à tour de rôle, il n’y a pas de champion toute catégorie, mais je remarque que Ronan peut être très cruel. Et les filles ? Certaines se baignent… En fait, il n’y en a pas beaucoup route de l’Aber, celles de l’épicerie, et puis la très jolie Gaëlle, elle habitait la grande maison du mage du Rumorvan. Nous nous perdrons très vite de vue et il ne me reste que quelques souvenirs de rigolade en improvisant la chanson « Gaston, y-a le téléphone qui sonne » en raison de son nom de famille qui était en « on » ; ce devait être notre manière de draguer. D’ailleurs à cette époque, aux environs du mois de mai, la plage de la cale reçoit du sable pour chasser la vase et offrir un lieu de détente aux habitants de cette petite bourgade. Quel moment de plaisir que de voir cet énorme château de sable déposé par une gabarre, un drôle de bateau si haut en ligne de flottaison, une fois que sa cargaison a été débarquée avec sa drôle de grue. Grand moment ! Grand spectacle !


Un peu comme les dimanches pour le match des seniors 1… Le stade de football était plein de gens qui gueulaient, histoire de se défouler. Personnellement, je regardais le match, et admirais certains joueurs qui jouaient quelques divisions en dessous de leur niveau ; ils crevaient l’écran, si je puis dire car le monde n’était pas encore électrique, la télévision était un passe-temps surveillé par les grands, euh les parents. Je me souviens des films, et de mon père qui me disait d’aller me coucher. Mon frère et moi nous n’obéissions pas. Il avait perdu de sa superbe, je veux dire par là que les années avaient passé. Je regrette aujourd'hui mon regard de l'époque sur cet homme qui naviguait pour nourrir sa famille, pour nous, pour être absent, et ne pas parler de ses difficultés. Heureux de pêcher, il connaissait par cœur les notes de son carnet qu’il donnera à une personne extérieure à la famille, un jeune homme qui le respectait. Nous, nous étions en conflit, difficile de compter les ans, le souvenir tasse le tout, et puis ce récit est anarchique. Je suis un petit poussin au regard admiratif, et je me moque de ces gens qui confondent terrain de jeu et buvette, souvent ce sont eux qui ont l’insulte facile et l’arbitre en prend pour son grade, représentant de la justice, ça siffle dur.

Souvenirs de franche rigolade et frayeur. Ce jour-là, nous partons loin dans les champs du côté de ce qui est aujourd’hui le camping. Il y a là-bas un lac et selon la rumeur, un avion est au fond. Nous longeons à pas de sioux la Longère, cette belle maison dans les bois, et en groupe, nous allons dans les parcelles de terrains potagers, au milieu des citrouilles. Cette fois-là, nous poussons jusqu'à la falaise de granit, ancienne carrière de mes ancêtres, véritable montagne infranchissable. Nous sommes malins, nous allons chasser le lapin ou la grive, le faisan c’est pour les fusils. Nous commençons dans un champ de maïs à tirer sur les oiseaux, les flèches montent, descendent, et nous les récupérons sans proies. Après une bonne heure de chasse, bredouilles, nous décidons d’investir cette parcelle de terrain où se trouve un terrier. Nous rions, sûrs de percer le bougre, une carotte en appât, la patience est de mise, arcs bandés. L’heure tourne. Aucune oreille à l'horizon, nous commençons alors à nous entraîner sur les cibles idéales formées par les gros légumes orange… Moment de gloire, ça tire, ça perce, et toujours pas d’habitant du terrier. Nous construisons un mur de fougère, un peu fou, il faut le dire, et nous nous armons de patience. Pour entrer dans le champ, nous avons sauté une barrière, enfin ouverte, et pénétré sur une parcelle privée.

L’heure passe… des pas… et le propriétaire furieux arrive ! Nous courons, courons pour nous cacher, surtout ne pas se faire attraper, rattrapés par la peur, aucun membre de la bande ne sera puni, et nous avons une citrouille comme preuve de notre forfait, une bonne soupe en perspective. Les cabanes dans les arbres, là c’est vraiment chouette car chacun aménage son petit paradis, apporte des planches, des clous, des pointes, marteaux et compagnie. Notre première œuvre est dans un arbre que nous escaladons près des terrains de sport, foot et tennis, nous arrivons au premier palier de ce sapin, et une branche nous permet de faire des figures, elle plie et ne rompt pas. Les plus téméraires grimpent, grimpent sans aucune angoisse du vide. Moi qui suis si à l’aise dans l’eau, qui saute en premier de la cale, des plates, sans presque rien de fond… là sur les branches, au cœur du tronc, je ne suis pas fier, début du vertige. Très vite, nous allons dans un sous-bois, au fond de la clairière, un vieux hêtre nous accueille, nous et nos clous, ce sera notre cachette, notre havre de paix. Mais moi quand je rentre, je trouve le bar et ses clients, Antoine qui traîne ses vieux os de comptoir en comptoir, il m’aime bien, et me donne toujours des francs pour mon quatre heures. Je partage, boulangerie, plage, mon temps passe sans jamais trouver l’ennui. C’est aussi dans ce contexte que je comprends l’hypocrisie sociale. Je joue au bar d’en face « Le Neptune » et il ne m'est pas rare d’entendre, en détruisant des vaisseaux spatiaux, que la rue est cruelle, ma mère en prend plein son grade, voleuse et j’en passe. Mais n’allons pas vers ce qui fâche, c’est trop tôt dans ma vie.

 

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